Beaucoup de gens ont
gardé en mémoire l’histoire de ces deux malheureux enfants
abandonnés, qui en cherchant un refuge, s'étaient retrouvés (par
hasard?) sur le seuil d'une trompeuse chaumière à l'appétissant
toit de pain d’épice, et qui avaient été faits captifs par la
propriétaire des lieux, une abominable sorcière…
Kay Nielsen
Beaucoup se souviennent
que le petit garçon, nommé Hansel aurait dû finir dans le four de
la mégère mais que, grâce à la ruse de sa sœur, la
petite Gretel, il avait échappé à à ce sort peu enviable.
Beaucoup se souviennent,
enfin que c’est l’odieuse ogresse qui avait perdu la vie, brûlée
vive dans ce même four, et, que les deux enfants, non contents de
s’être libérés de son joug , avaient de surcroît mis la main sur
le trésor qu’elle dissimulait
chez elle...
Mais ce que peu de gens
savent c’est ce qu’il advint des deux petits une fois qu’ils
eurent regagné leurs pénates…
Accueillis à bras
ouverts par leurs parents
repentants ils tentèrent de reprendre
le cours de leur vie, là où il s'était interrompu quelque temps
plus tôt...
Si Hansel y parvint sans
peine, il n’en fut pas de même pour Gretel : ombrageuse et
taciturne, elle n'avait plus grand chose à voir avec l’insouciante
fillette que l’on avait connue. Elle disparaissait des journées
entières et nul ne savait où elle allait… Hansel l’avait
parfois surprise dans le grenier, accoudée à la lucarne, le regard
perdu vers la lisière de cette forêt qui les avait engloutis
quelques mois auparavant… Absorbée par des pensées secrètes et
lointaines, elle semblait avoir oublié les siens et ne plus
s’intéresser à la vie qu’ils menaient...
C’est ainsi qu’une
nuit Gretel se volatilisa ... On eut beau la chercher sans relâche,
plusieurs jours durant, la jeune fille ne reparut plus, comme évaporée dans la nature …
Seul fut retrouvé, à
l’orée de la profonde forêt, retenu par les ronces d'un buisson
d'aubépine, le ruban de satin rouge qui nouait habituellement sa
longue natte rousse…
***
"Gretel ... Gretel... , murmurait le vent..., " m'entends-tu?... Viens.. viens à moi.."
(à suivre)